Autumn
Poussons la grille, les feuilles crissent sous nos pas. Les jours déclinent dans une lumière dorée. L'automne est bel et bien là,
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Exaltant la gamme des verts du vif au plus sombre.
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Parc du château de Fleury en Bière
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Le clair obscur des longues allées nous convie à la Fête.
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De candides chérubins semblent nous indiquer le chemin.
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Laissons-nous guider, l'air est encore doux.
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Un vase moussu, quelques marches à descendre,
Suivons les indices laissés sur le tapis mordoré.
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Ecoutons la mélodie portée par le vent! Fifre, violon et tambour! Nous avons donc franchi la porte...
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Les légendes sont vivaces, et les lieux encore habités...
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Entrons le coeur léger dans la ronde insouciante des jongleurs, princes au royaume des saltimbanques...
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Le conteur, mémoire des enchanteurs, s'avance.
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Lui seul sait encore déjouer les sortilèges des magiciennes.
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Lui seul connaît les secrets des âmes de ces femmes à la longue chevelure cuivrée
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John William Waterhouse Lady of Shalott
Dont le regard s'est égaré en lisière du réel...
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Gabriel Dante Rossetti Monna Vanna
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Fils d'un poète italien émigré à Londres, Rossetti montre très tôt un grand intérêt pour la littérature et l'art médiéval italiens. Aspirant à devenir poète, comme la plupart des membres de sa famille, il devient finalement l'élève du peintre Ford Madox Brown.
Il rencontre William Holman Hunt qui partage les mêmes valeurs artistiques et littéraires. En 1848, ils fondent avec d'autres artistes dont notamment John Everett Millais la Confrérie Préraphaélite. Par leur sens du détail et de la couleur, leur peinture évoque le Quattrocento. Epris de liberté, leur peinture et leur mode de vie s'opposent aux rigides conventions victoriennes. Entre romantisme et décadence, ils annoncent le mouvement symboliste qui déferlera sur l'Europe.
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Gabriel Dante Rossetti Seaspell
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Gabriel Dante Rossetti Beata Beatrix
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Philippe Delerm qui reçut le Prix Alain Fournier en 1990 pour son roman Autumn nous entraîne dans la tourmente flamboyante des préraphaélites et de leur égérie Elizabeth Siddal, l'épouse de Rossetti. Il sublimera sa beauté par- delà la mort dans ce portrait de Beatrix, La Beatrix de Dante, celle pour qui l'on franchit les neuf cercles de l'Enfer...
Quatrième de couverture :
"Livre-feu, livre-fou, conçu de main de maître, Autumn nous brûle les
mains dès les premières pages, en nous entraînant dans le périple insensé des
peintres préraphaélites. L'aventure de Dante Gabriel Rossetti avec la belle
Elizabeth Siddal ne serait pas ce qu'elle est sans le style de Philippe Delerm.
Un style romanesque, cela va sans dire. Mais un style tout de même. À
envoûtement du lecteur s'ajoute la magie des mots. Des mots somptueux, issus de
l'ultime clarté de ces jours d'automne. Autumn est un vrai roman, avec des
personnages qui se déchirent, des visages connus, comme ceux de Swinburne ou de
Lewis Carroll. Le déploiement des couleurs s'efface derrière les ténèbres d'un
destin en clair-obscur."
Extrait:
..."Ce soir était le dernier soir. Millais serrait les mâchoires, dans l'exaspération des ultimes retouches. Depuis plus d'une heure, les dernières chandelles s'étaient éteintes sous la baignoire insolite. Elizabeth ne savait pas qu'elle tremblait d'un froid réel. Enfin, John posa sa brosse sur le chevalet. Elizabeth se leva sans un mot, jetant un châle sur ses épaules. Sa robe brodée d'argent restait collée contre son corps, et dégouttait sur le plancher. Mais peu lui importait. Elle regardait, fascinée : sur la toile, ses longs cheveux noyés se confondaient avec les eaux troublantes et sombres de la rivière. Les anémones et les pensées s'échappaient de ses mains ouvertes, dans un geste d'une étonnante fraîcheur, qui semblait à la fois si hiératique, les paumes tournées vers le ciel. C'était elle, offerte et prisonnière au centre du motif. Elle, et par-delà son corps, tous ces rêves, toutes ces pensées qui l'avaient traversée durant tant d'heures extatiques. Elle était là, éternisée et abolie, là, morte sur la toile plus vivante que sa vie. Elle eut ce geste d'approcher la main pour toucher le grain ensorcelé, la matière magique de ce grand miracle triste. Elle regarda Millais. Millais la regarda. Il faisait presque nuit dans l'atelier. Elle toussa longuement, d'une toux déchirante née du plus profond de son corps, et dont l'écho se prolongea pour la première fois dans la poussière hostile. Les longues vitres obliques bleuissaient sous la neige du soir"...
Ophélia John Everett Millais
Refermons doucement le livre. La journée est sur le point de s'achever et soudain une silhouette surgit.
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Fête de la Fôret Sénart
Vêtue de velours fauve, elle attend l'oiseau. Docile, il viendra se poser sur la main gantée de cuir.
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Rencontre furtive avec l'aigle des steppes lors de cette Fête de la Fôret mais qui laissera son empreinte dans la mémoire de ce jeune garçon!
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Bon dimanche à tous
A bientôt!!!