Lavandières
Un ciel d'hiver qui hésite entre grisaille et pans de ciel bleu
Temps propice pour celui qui cherche, entre présent et passé,
les souvenirs enfouis le long des cours d'eau.
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Lavoir de Pringy
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Le plus souvent, construits le long des berges, ces lavoirs ont encore en mémoire
les écumes savonneuses et la gouaille des lavandières!
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lavoir de Saint Sauveur
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Les eaux ont repris leur cours paisible
sous le regard impassible de ces gardiens muets.
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Dans les bourgs, les lavoirs s'abritent derrière la façade typique de cette période.
En effet le XIXème siècle déclarent les lavoirs de salubrité publique.
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lavoir du hameau de Jonville-Ponthierry
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Celui-ci est fermé au public, mais jetons un coup d'oeil derrière ses grilles
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A ciel ouvert, à impluvium, il recueille les eaux de pluie.
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lavoir du hameau d'Auxonnettes-Ponthierry
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Nous pénétrons dans le lavoir désert,
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L'eau chuchote, la pierre rosée se souvient-elle des linges frottés, battus, tordus,
par les mains rougies des laveuses?
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Le sage miroir révèle le bleu du ciel
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Le soleil envahit le lieu," Voyageur immobile, imagine d'autres bassins dont la quiétude
a baigné tes songes: Fière Andalousie, ou palais secrets d'Orient".
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Tilly, un autre hameau de Ponthierry, abrite un un lavoir circulaire, unique en Seine et Marne.
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Sa forme ronde invite à la rêverie
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La tempête a fait glisser quelques tuiles, et met en évidence
le cerclage de fer qui ceinture la charpente.
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Digne d'un temple grec, Narcisse s'y contemplerait volontiers...
A moins que la fraîcheur des colonnades n'attire quelque vestale lassée de ses prophéties.
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Vert, gris, bleu, rose...
Minéral et végétal s'unissent en d'aquatiques épousailles.
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A demi-enterré, le lavoir de Tilly est alimenté par un réseau de sources.
L'activité des lavoirs va diminuer au cours du XXème siècle au profit de la machine à laver vers 1950...
Beau progrès, admettons-le!
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En ville, d'autres lavoirs veront le jour, de manière plus industrielle
Paris
Souvenez-vous de Gervaise lorsqu'elle découvre le grand et moderne lavoir de la Goutte d'Or:
"...C'était un immense hangar, à
plafond plat, à poutres apparentes, monté
sur des piliers de fonte, fermé par de larges fenêtres claires. Un
plein jour blafard passait librement dans la buée chaude suspendue
comme un brouillard laiteux. Des fumées montaient de certains coins,
s'étalant, noyant les fonds d'un voile bleuâtre. Il pleuvait une
humidité lourde, chargée d'une odeur savonneuse, une odeur fade, moite,
continue ; et, par moments, des souffles plus forts d'eau de javel
dominaient. Le long des batteries, aux deux côtés de l'allée centrale,
il y avait des files de femmes, les bras nus jusqu'aux épaules, le cou
nu, les jupes raccourcies montrant des bas de couleur et de gros
souliers lacés. Elles tapaient furieusement, riaient, se renversaient
pour crier un mot dans le vacarme, se penchaient au fond de leurs
baquets, ordurières, brutales, dégingandées, trempées comme par une
averse, les chairs rougies et fumantes. Autour d'elles, sous elles,
coulait un grand ruissellement, les seaux d'eau chaude promenés et
vidés d'un trait, les robinets d'eau froide ouverts, pissant de haut,
les éclaboussements des battoirs, les égouttures des linges rincés, les
mares où elles pataugeaient s'en allant par petits ruisseaux sur les
dalles en pente. Et, au milieu des cris, des coups cadencés, du bruit
murmurant de pluie, de cette clameur d'orage s'étouffant sous le
plafond mouillé, la machine à vapeur, à droite, toute blanche d'une
rosée fine, haletait et ronflait sans relâche, avec la trépidation
dansante de son volant qui semblait régler l'énormité du tapage..."
L'Assommoir Emile Zola 1877
certes, un lavoir beaucoup moins bucolique que nos petits lavoirs campagnards, mais le labeur y était tout aussi dur et l'ambiance colorée...
un bon week-end à tous et merci de votre fidélité!